1. Construction de la Croix
« La Croix du Saint Graal n’est pas un symbole, n’est pas un signe, mais la Vérité vivante Elle-même. » («La Croix du Saint Graal» – Feuilles du Graal – Cahier 6-7 – Abdruschin)
N’est-il pas dès lors fondamental d’étudier cette Croix et de comprendre pourquoi la Vérité aurait-elle cette forme ?
La Vérité est simple, logique. La Croix de la Vérité ne peut donc être que simple et logique.
L’objectif de cette étude est de reconnaître, dans un premier temps, les justes proportions de la Croix et de découvrir, dans un second temps, le savoir caché dans cette Croix.
Construisons la Croix du Saint Graal !
Construisons-la avec la géométrie pure, autonome, c’est-à-dire basée sur des constructions, obtenues à l'aide de droites et de cercles, élaborées « à la règle et au compas ». Avec un peu d’entraînement et de logique, cet exercice peut être fait en quelques minutes.
Prenons une feuille, un crayon, une règle et un compas.
La règle n’a pas besoin d’être graduée. Il n’est en effet ici nul besoin de compter. Pas de nombre. Pas d’arithmétique. Uniquement de la géométrie pure.
Une feuille blanche. Le vide, le néant. Aucune réalité visible, aucun rapport, aucun mouvement. Rien.
Au centre de la feuille, où le vide règne… un point surgit du néant.
C’est la création du monde. Que la Lumière soit ! La Genèse.
Au commencement était le point. C’est le symbole de l’unité. C’est le symbole du tout. C’est le centre d’où tout part et où tout revient.
Il est à noter ici que le fond est blanc et le point est noir, mais pour se rapprocher le plus de la notion, il faudrait imaginer la feuille complètement noire. Aucune lumière. Aucune vie. Le point central apparaît alors comme une vive lumière blanche dans le néant.
Le point rayonne vers l’extérieur et apporte la réalité de ce qui l’entoure. On pourrait, à partir de ce point, imaginer de multiples rayons, des rayons de lumière, s’étendant toujours plus vers l’infini, avec l’expansion de la Création qui en découle.
Cependant, bien que le point rayonne dans toutes les directions, son rayonnement est basé en premier lieu sur le chiffre quatre, selon les quatre points cardinaux. Le point est alors le centre d’une croix à branches perpendiculaires.
En effet, le point, considéré dans un plan à deux dimensions, engendre la possibilité de former deux axes cardinaux pour quatre directions cardinales.
En géométrie algébrique, cela correspond à un système de coordonnées cartésiennes.
Selon le repère cartésien, le centre est appelé O (comme Origine), l’axe horizontal est l’axe des abscisses, et l’axe vertical est l’axe des ordonnées.
La croix constitue ainsi, suivant le langage géométrique, un « système de coordonnées » auquel l’espace tout entier peut être rapporté.
Il est à noter que nous travaillons ici sur un plan à deux dimensions, bien que l’espace, tel que nous le concevons, soit caractérisé par trois dimensions. Dans le cadre de notre étude, nous aborderons un peu plus tard cette troisième dimension, celle-ci étant très particulière.
La croix, représentée par deux axes, deux branches, quatre demi-branches et quatre pointes est la croix de base ou la croix primitive.
Nous la nommerons la croix originelle.
Cette croix est un des plus vieux symboles du monde.
Elle est constituée par le principe actif (ou positif), l’axe vertical, et le principe passif (ou négatif), l’axe horizontal.
La forte masculinité, active, ainsi que la délicate féminité, passive, résident en elle.
Cet équilibre entre le masculin et le féminin, est indispensable pour le maintien de toute la Création.
Dans la même logique, il est à noter que nous nous tenons à la verticale durant le jour. Nous sommes debout. Nous agissons, nous sommes actifs. Puis à l’horizontale la nuit, nous sommes couchés, nous dormons, nous sommes passifs.
L’axe vertical est également le symbole de la Justice et l’axe horizontal, celui de l’Amour.
Justice et Amour sont complémentaires et sont aussi Un, car ils se rejoignent au centre.
Chaque axe de la Croix possède en fait deux pôles opposés, complémentaires. Nous pouvons la diviser en quatre parties distinctes, dans un équilibre parfait.
Les pointes de la Croix représentent les quatre éléments fondamentaux de la Nature : le Feu, l’Eau, l’Air et la Terre.
Le Feu et l’Air sont les pointes ou pôles de l’axe actif.
L’Eau et la Terre sont les pointes ou pôles de l’axe passif.
En effet, le genre d’activité du Feu et de l’Air est propulsif et dynamique, alors que l’Eau et la Terre exercent une action passive, protectrice et nourricière.
Au passage, il est intéressant de constater qu’en langue française, Feu et Air sont des noms de genre masculin et Eau et Terre des noms de genre féminin.
À partir de la Croix, il est possible de former le carré, qui relie ses quatre pôles. Dans la symbolique occidentale, le carré regroupe les quatre éléments fondamentaux à partir desquels fut formée la création matérielle.
Les quatre éléments œuvrent ensemble dans un équilibre harmonieux.
Seule la Croix à branches égales permet réellement cet équilibre parfait.
Celui-ci n’est cependant pas statique, mais dynamique, car il existe un mouvement giratoire, avec une circulation des énergies autour de la Croix.
C’est le cycle des éléments qui commence par le Feu, puis vient l’Eau, l’Air et enfin la Terre.
Les pointes de la Croix représentent également les quatre saisons de l’année, avec les deux équinoxes du printemps et de l'automne sur l'axe vertical et les deux solstices d'été et d'hiver sur l'axe horizontal.
L'alternance entre les saisons se fait naturellement de branche en branche, dans un mouvement cyclique éternel.
Représenté sur une échelle du temps, ce mouvement correspond à une vibration : c'est une sinusoïde.
Lors des parties hautes ou basses de la sinusoïde, donc lors de la plus grande amplitude, il y a les deux saisons "actives". Dans la nature, c’est par exemple la semence au printemps et la récolte à l'automne.
Et dans l'alternance, il y a les deux saisons "passives". Sur cette sinusoïde temporelle, c’est alors le passage à la valeur nulle… C’est l’été, et son invitation à la flânerie, aux vacances... et l’hiver, avec le repos de la nature, l'hibernation, période propice à la méditation au coin du feu (ceci est particulièrement observé sous les latitudes et les zones tempérées, nettement marquées par quatre saisons).
La Croix rayonnante dans la Création, possède un cercle (plus précisément un anneau), représentant ce caractère fermé et limité d’une part et le mouvement cyclique d’autre part.
Le point central est le centre du cercle. Le cercle est en effet la figure géométrique la plus simple et la plus restreinte dans l’espace à partir d’un point.
Pour illustrer nos propos, une chèvre attachée à un piquet ne pourra pas manger plus d’herbe que la longueur de la corde ne lui autorise, c’est-à-dire un cercle.
Les ondes de lumière à partir du point se propagent en forme circulaire, selon le plan à deux dimensions, à l’image de l’impact d’une pierre touchant l’eau.
Considérons donc le cercle, autour de la Croix.
Il est tracé avec le compas, délimitant ainsi la croix originelle à branches égales.
Peu importe ses dimensions. Ce qui compte ici, ce ne sont pas nos nombres et nos unités de mesures (en centimètres ou en millimètres…), mais la structure universelle, la géométrie sacrée étant indépendante de tout cela.
Nous devons seulement comprendre les rapports, les proportions géométriques. Avec logique, nous découvrons ainsi petit à petit la structure simple de la Vérité.
Poursuivons.
Il y a quatre saisons dans l’année, mais également douze mois.
Or, comme Abdruschin nous l’a indiqué, la Croix du Saint Graal dans la Création a également douze pointes.
Comment passer simplement d’une Croix à quatre pointes à une Croix à douze pointes ?
Nous allons faire ici un parallèle avec les douze signes astrologiques et la structure du zodiaque.
Il y a dans le zodiaque :
· 3 signes de Feu : Bélier, Lion, Sagittaire
· 3 signes d’Eau : Cancer, Scorpion, Poissons
· 3 signes d’Air : Balance, Verseau, Gémeaux
· et 3 signes de Terre : Capricorne, Taureau, et Vierge
Ces signes peuvent être disposés en trois croix semblables et complémentaires, suivant le zodiaque.
En astrologie classique, ces trois croix sont :
La croix « cardinale » :
Les quatre signes cardinaux correspondent au début de chacune des saisons.
Ils représentent l’évolution et la croissance.
La croix « fixe » :
Elle correspond aux quatre signes fixes qui se situent au milieu de chaque saison.
Ils représentent la fermeté et la stabilité.
La croix « mutable » :
Elle correspond à la fin de chacune des saisons.
Les signes correspondants représentent le changement et le mouvement.
Le zodiaque est par conséquent une triple manifestation de la Croix !
Les croix s’emboîtent l’une dans l’autre, de sorte que chaque signe correspond à un bras d’une des trois croix ou à un des douze rayons qui donnent naissance à la roue.
Comme nous venons de le voir, le feu est représenté par trois signes. La figure la plus simple qui représente le chiffre 3 est le triangle. Les trois signes de feu peuvent être ainsi reliés entre eux.
Le triangle formé est inscrit dans le cercle. Dans l’équilibre nécessaire, où tout se reflète dans tout, ce triangle est équilatéral. C’est le plus symétrique de tous, car il a trois axes de symétrie et ses trois côtés sont égaux.
Le point central est le centre du triangle, du cercle et de la Croix originelle.
Les trois autres signes masculins, les signes d’air, sont disposés également en triangle sur la roue, mais selon un triangle inversé.
Les six signes actifs masculins donnent alors naissance à une étoile :
Or « la Croix du Saint Graal vit dans le Trigone et elle luit dans la forme de l’étoile et du cristal » (Référence : « Appels de la Création originelle - n°153 »).
Cette indication est ici capitale pour notre travail de construction de la Croix de la Vérité.
Car nous avons ici l’étoile à six branches et, par la même occasion, le cristal. Nous pouvons en effet, à partir de l’étoile, construire un hexagone, polygone régulier à six côtés, autrement dit la forme d’un cristal hexagonal.
L’étoile semble être le passage obligé pour la construction de la Croix du Saint Graal.
Dans notre travail de construction, il nous reste à placer les six signes passifs, féminins.
Dans une logique parfaite, ils s’insèrent dans notre construction, en alternance avec les signes masculins, en forme de triangles équilatéraux, puis en forme d’étoile et enfin en forme de cristal.
Présentons tout d’abord les triangles des trois signes d’Eau et des trois signes de Terre :
Puis l’étoile des signes féminins et son cristal :
Les deux étoiles et deux cristaux, masculins et féminins, peuvent alors s’emboîter l’un dans l’autre et nous retrouvons le zodiaque complet.
Les douze signes forment ainsi deux hexagones (à six côtés égaux), dans un équilibre parfait.
Chaque signe peut être ainsi représenté par un morceau d’hexagone, issu de la figure géométrique précédente. Le zodiaque se présente ainsi en douze parties identiques.
Nous retrouvons alors les trois croix originelles s’entrelaçant l’une dans l’autre !
À la seule différence près que les branches qui n’étaient initialement que des traits ou des lignes, se sont élargies et sont désormais des surfaces bien définies.
Et du fait de cet élargissement, nous avons la croix originelle à quatre pôles qui a évolué en croix à douze pôles (ou douze pointes) ; chacune des quatre branches ayant désormais, non pas un, mais trois pôles.
Nous la nommerons croix secondaire à douze pointes.
Cette Croix est une étape importante vers la Croix de la Vérité : quatre de ses pointes sont majeures et les huit autres sont mineures, car étant un peu en retrait comme c'est le cas pour la Croix de la Vérité (sur notre image, M=Majeur et m=mineur).
La seule différence avec la Croix de la Vérité réside ici dans le fait que les côtés des branches de cette croix sont des segments droits. Or la Croix de la Vérité a toujours été représentée avec des côtés courbes et cela doit avoir une signification importante.
Nous devons donc à présent nous poser deux questions :
Pourquoi la Croix du Saint Graal a-t-elle des côtés courbes et comment allons-nous construire ses côtés courbes à partir de la croix précédemment trouvée ?
À la première question, nous pouvons déjà répondre que rien n’est droit dans la Création, tout est courbe et que la Croix du Saint Graal doit aussi respecter ce principe. Mais laissons pour l’instant cette première question et intéressons-nous à la seconde.
Les côtés courbes doivent avoir un caractère mathématique, algébrique et géométrique bien défini et ne peuvent être présents que pour une raison précise.
Restons simple dans notre analyse. En mathématiques, les principales figures géométriques et courbes algébriques simples qui font apparaître des lignes courbes selon un plan à deux dimensions sont :
Les cercles et les ellipses :
Les paraboles et les hyperboles :
Les spirales :
D’autres courbes algébriques existent mais elles deviennent compliquées. Il est inutile de les présenter ici.
Or parmi toutes ces figures, quelle est la figure la plus simple, autrement dit celle qui serait reproduite le plus souvent si on demandait par exemple à cent personnes, ou même cent enfants, de dessiner une figure simple avec des lignes courbes ?
Le cercle !
Il est la figure présentant une ligne courbe la plus simple. C’est pour cela que dans la nature, le cercle est très présent, à l’image des astres, ou des fleurs qui prennent souvent la forme de cercle, rarement de triangle ou de carré !
En géométrie, un cercle est une courbe plane fermée constituée des points situés à égale distance d'un point nommé centre. La valeur de cette distance est appelée rayon du cercle. Nous y avions déjà eu recours autour de la Croix originelle :
Ce cercle a pour centre le point central de la Croix et pour rayon ses branches.
Les branches courbes de la Croix du Saint Graal, telle que nous la connaissons et qu’Abdruschin nous l’a présentée, pourraient donc être des cercles, ou plus précisément des arcs de cercle, un arc de cercle étant tout simplement une partie de la circonférence d’un cercle.
Partant de cette hypothèse, il ne nous reste plus qu’à chercher les centres des cercles qui nous permettront de construire les côtés courbes de la Croix.
Prenons deux pointes d’une branche de la Croix secondaire et réfléchissons.
Le cercle doit passer par ces deux pointes, pour tracer l’arc de cercle. De plus, ces pointes sont équidistantes du centre du cercle.
Considérons maintenant le segment entre les deux pointes.
Nous pouvons tracer la médiatrice à ce segment, c’est-à-dire la droite passant par le milieu du segment et qui lui est perpendiculaire.
Or cette droite a la particularité suivante : l’ensemble de ses points sont équidistants des deux extrémités du segment, soit des deux pointes.
Conclusion évidente : le centre du cercle ne peut se trouver que sur cette médiatrice.
Considérons maintenant la branche de la Croix secondaire voisine.
Nous avons une pointe commune aux deux Croix.
Et c’est ici que repose la solution…
Car si nous traçons la médiatrice de l’autre segment, nous savons que le centre du cercle correspondant doit également se trouver sur cette nouvelle médiatrice.
Avec une pointe en commun, il n’y a donc pas d’autre possibilité que les deux centres de cercles se retrouvent… à l’intersection des deux médiatrices !
En réalité, c’est donc un seul cercle qui permet de former les deux arcs de cercles recherchés.
Les petits côtés courbes des branches de la Croix ont été ici facilement trouvés.
Or, pour les grands côtés courbes, on s’aperçoit vite que ce sont exactement les mêmes centres de cercles qui permettent la création des grands côtés !
Si nous prenons en effet le centre de cercle précédent, qui a permis de tracer un petit côté courbe de la branche verticale, il nous permet également de tracer un grand côté courbe de la branche horizontale.
Or la symétrie par rapport à la diagonale de la Croix nous permet de former les petits et les grands arcs de cercle à partir d’un point (centre 1) et de son point symétrique (centre 2), tel un miroir.
Et si nous reproduisons cela tout autour de la croix secondaire, nous avons alors construit la Croix du Saint Graal, dans ses proportions parfaites !
Et en considérant qu’il n’y a pas qu’une seule croix, mais trois croix qui s’imbriquent l’une dans l’autre, comme pour le zodiaque, nous avons alors les images complètes suivantes :
